Nicole Calvinhac et Hubert Tondeur : deux acteurs de la formation comptable au service de la profession

Nicole Calvinhac et Hubert Tondeur conjuguent tous deux avec enthousiasme leurs fonctions d'experts-comptables, de responsables au Cnam Intec et de représentants dans les instances de la profession. Dans le cadre du 72e congrès de l'Ordre des experts-comptables qui se déroulera à Lille les 27, 28 et 29 septembre, nous les avons interrogés sur la thématique du congrès, les évolutions envisagées pour les experts-comptables ou encore l'articulation entre formation et profession.

Nicole Calvinhac et Hubert Tondeur

Nicole Calvinhac

Quelles sont vos fonctions au Cnam ?
Ma profession d’expert-comptable est une reconversion, et je le dois au Cnam Intec. J’ai pu, grâce aux cours à distance et aux séances de regroupement préparer et réussir le DECF et le DESCF tout en continuant mon ancienne profession.
Depuis cette période j’ai toujours conservé des liens avec l’Ipst-Cnam en enseignant dans la filière comptable du Cnam en cours du soir et à l’Intec en DESCF puis DCG.
Je suis actuellement responsable pédagogique pour l’Ipst-Cnam d'Occitanie et en tant que telle, je représente les centres régionaux du Cnam au conseil de l'EPN 10 (équipe pédagogique nationale) Comptabilité, contrôle, audit.

Et à l’Ordre des experts-comptables ?
Je suis Vice-Présidente du Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts-Comptables (CSOEC), en charge du secteur « Performance des cabinets » qui réunit plusieurs commissions dont la commission formation que je préside.

Quels liens existent entre l’Ordre et le l'Intec ?
L'Intec est un acteur très important de la formation des experts-comptables et de leurs collaborateurs. Les liens avec l’institution sont nombreux.
D’abord, un grand nombre d’experts-comptables en activité aujourd’hui sont passés par les bancs de l'Intec pour préparer leurs examens, ça créé nécessairement des liens individuels. Et c’est un expert-comptable, élu de la profession et professeur des universités, Hubert Tondeur, qui dirige aujourd’hui l'institut.
Les experts-comptables stagiaires qui commencent leur stage sans avoir obtenu l’ensemble des UE du DSCG sont informés de la possibilité de préparer ces UE via l’Intec.
Ensuite, plus collectivement, le CSOEC a signé une convention de partenariat avec le Cnam le 9 mars 2011 qui prévoit un comité d’orientation au sein duquel siègent les représentants de la profession. Cette convention est toujours en vigueur.
Aujourd'hui, Philippe Arraou représente le Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts-Comptables au Conseil de l’EPN 10.

Le 72e congrès de l’Ordre aura pour thématique le conseil. Pourquoi avoir mis ce thème au coeur de l'événement ?
L’amélioration de nos outils et la digitalisation va nous permettre de gagner du temps sur nos travaux de base. Il est donc temps d’accorder un peu plus d’attention au conseil qui est le prolongement de notre cœur de métier.
Mais cela demande une organisation de cabinet un peu différente que celle que nous connaissons habituellement. Il faut faire évoluer notre management et la détection des compétences de nos collaborateurs, nous devons changer notre approche marketing, communiquer… C’est la raison pour laquelle ce congrès est organisé en 4 axes :

  • Savoir être
  • Savoir faire
  • Faire savoir
  • Faire

Le conseil ne fait-il pas déjà partie intégrante des missions de l’expert-comptable ?
Bien sûr et cela fait même partie de nos obligations ! Nous faisons tous du conseil, Mais à partir de quel moment s’arrête le conseil inhérent à nos fonctions régaliennes et commence celui qui est une valeur ajoutée ? Et que peut-on proposer en plus de notre mission principale, sans s’en s’éloigner outre mesure ? Le Congrès répond à tous ces questionnements.

Quelles évolutions le conseil peut-il apporter dans les cabinets ?
La dernière étude XERFI sur le marché du conseil, nous indique que celui-ci s’élève à 80 milliards d’euros.
La part des cabinets d’expertise comptable est aujourd’hui minime, alors que, selon XERFI notre marché potentiel est de 5 milliards…
Parmi les prestataires de services qui rayonnent autour des entreprises, nous sommes ceux qui ont le plus d’atouts pour les accompagner car nous connaissons tout de l’entreprise et des dirigeants et surtout, nous avons leur confiance. Nous ne pouvons qu'être optimistes !

Comment le congrès peut-il apporter des réponses et des outils aux experts-comptables ?
Ce congrès n’est pas destiné à révolutionner les cabinets, au contraire, il s’agit de montrer à nos confrères comment faire pour que le conseil facturé devienne une part significative de leur chiffre d’affaires.
Le but de ce congrès est de leur faire prendre conscience que cette évolution est à leur portée, leur donner des pistes de réflexion et des clefs pour qu’il puisse la réussir.
Pour ce faire, nous avons innové en organisant des ateliers de réflexion collaborative sous la forme ludique des « World Café » pour que chacun soit partie prenante de cette évolution.
 

Hubert Tondeur

Quelles sont vos fonctions au Cnam ?
Je suis professeur des universités au Cnam depuis 2010 après avoir été maître de conférences et professeur des universités à l’IAE de Lille pendant près de 12 ans.
Je suis actuellement directeur de l'EPN 10 Comptabilité, Contrôle, Audit qui regroupe l’Intec, la chaire de contrôle de gestion et la chaire de comptabilité financière.
Mes activités d’enseignement et de recherche portent sur la comptabilité financière et l’audit.

Et à l'Ordre des experts-comptables ?
Je suis Président du Conseil Régional de l’Ordre des Experts-Comptables du Nord-Pas-de-Calais depuis 2012 où je coordonne le travail de 24 élus au service de 850 consoeurs et confrères et de leurs collaborateurs.

L’Intec est présent dans 68 centres en France métropolitaine et à l’international. Un centre est notamment implanté à Lille, quels liens avez-vous établis entre l’Ordre et l’Intec sur ce site ?
À Lille en tant que Président du conseil de l’Ordre j’ai souhaité renforcer la collaboration entre le centre régional et l'Intec notamment au travers du lancement du DSGC et du master CCA en alternance. Et ce afin d’initier une collaboration qui doit se renforcer entre les institutions de formation et la profession comptable.

À travers le thème du conseil, quelles sont les ambitions du congrès de Lille ?
Nous ne pouvons que constater que la digitalisation de l’économie et notamment de la chaîne administrative, financière et fiscale conduit inexorablement à une réduction de l’intervention humaine dans la production comptable, principalement en ce qui concerne la saisie.
Et cette activité est historiquement une activité importante pour les professionnels comptables libéraux.
Il est donc du ressort de notre institution d’en faire prendre conscience à l’ensemble de la profession et de les accompagner sur de nouveaux territoires d’intervention.
Le conseil en est un. Il est déjà celui de la plupart des experts-comptables mais il doit être mis en valeur par les institutions auprès des acteurs économiques et par les experts-comptables auprès de leurs clients.
Nous devons digitaliser nos cabinets tout en devenant des acteurs incontournables du conseil. Pour cela il nous faut concevoir de nouvelles offres, apprendre à les "marketer", apprendre à les piloter… bref réinventer les modalités de développement de nos cabinets.

Comment le congrès peut-il être utile aux experts-comptables ?
Le congrès est d’abord le résultat de la réflexion menée par deux co-rapporteurs, Nicole Calvinhac et Jean-Luc Mohr, qui ont imaginé un programme riche en réflexions et en outils opérationnels. Il s’agit à la fois d’amener l’ensemble de la profession vers une réflexion sur comment concevoir son cabinet, non pas en producteur de comptes, mais en dispensateur de conseils… Pour cela des ateliers techniques de management, de marketing, de communication ont été imaginés, sans oublier les ateliers visant à accroître notre expertise sur les champs de la comptabilité, de la fiscalité, du social, des RH, de la stratégie... et de bien d’autres.

Lille est une ville festive par excellence. Que nous réservent ces trois journées dans la "Capitale des Flandres" ?
Avec les élus nous avons confié le commissariat général du congrès à deux confrères, Gérard Tassou et Dimitri Loxemand. C’est eux qui vous ont concocté un programme de festivités qui trouvera son point d’orgue avec le concert de Pascal Obispo.